Troisième saison de lecture : une comédie de Marivaux
Le Théâtre du Griot Blanc poursuit ses lectures mensuelles avec un rendez-vous incontournable pour les amoureux du théâtre classique : Le Jeu de l’Amour et du Hasard de Marivaux, l’un des joyaux de la comédie française du Siècle des Lumières. Rendez-vous, le lundi 22 septembre à 17h30 au Centre Cuzin.
Lettre de Geneviève Bigeure
Nous avons choisi de commencer joyeusement notre troisième saison de lecture au Centre Cuzin par une comédie de Marivaux . C’est notre grand dramaturge du XVIIIème, ce Siècle des Lumières progressiste, où la culture et la langue française brillaient dans toute l’Europe – évidemment dans les milieux où l’on avait le bonheur d’être instruit et cultivé.
Son théâtre n’a pas eu beaucoup de succès en son temps parce qu’il était trop moderne et trop original. La Comédie Française et son public ne l’appréciaient pas.
Heureusement, il avait trouvé audience auprès des Comédiens Italiens, dont il était devenu l’auteur attitré. Ceux-ci étaient les descendants de la géniale Comedia del Arte, installés à Paris. Mais de nos jours, il est très apprécié . Il est maintenant le cinquième auteur le plus joué à la Comédie Française ! et il n’est pas de metteur en scène important qui ne veuille « monter » son Marivaux.
Le gros de son œuvre théâtrale est fait de comédies de types divers. Celles qui trouvent un accueil particulièrement favorable sont les comédies dites sentimentales ou « comédies d’amour » auxquelles appartient Le Jeu de l’Amour et du Hasard. Elles s’inscrivent dans notre tradition théâtrale comique héritée des Grecs en passant par les Romains et les Italiens et bien sûr Molière. Il s’agit depuis toujours de marier une fille selon son cœur, prouesse largement assumée par les domestiques des jeunes gens,
qui se déploient en ruses et travestissements.
Nous retrouvons la même situation dans notre pièce, mais elle est marquée du progressisme de l’époque et de l’auteur. La fille à marier n’est plus ignorante, soumise et recluse. Sylvia est éduquée, a une pensée propre, une vie sociale , est capable de décision et d’action. Le père n’est plus le despote qui veut marier sa fille dans son propre intérêt, il est déterminé à lui laisser faire son choix . La pièce est une vive satire des effets du mariage arrangé et « une défense et illustration »du droit au mariage
d’amour. Ce sont les jeune gens eux-mêmes qui prennent l’initiative de ce qui peut le faire réussir et ils recourent à un stratagème des plus cocasses. Les domestiques,envisagés par les maîtres plus affectueusement qu’auparavant, agissent avec eux sur un pied d’égalité le temps du jeu de dupes.
La fibre sociale de l’auteur s’y fait jour ainsi qu’une approche psychologique pénétrante des personnages et de leurs comportements. Son analyse de leurs sentiments et particulièrement du sentiment amoureux et de son développement est très riche et d’une grande finesse.
Tout cela se traduit dans un style très personnel . Ses personnages s’expriment dans un langage à la fois familier et recherché avec des tournures de phrase complexes, un jeu inventif sur les mots , une ironie légère . Ses dialogues amoureux sont les plus caractéristiques. L’échange se fait sur le mode d’une galanterie délicate et recherchée et d’un badinage précieux. C’est ce qu’on appelle marivauder. Mot forgé de son vivant.
En conclusion, l’intrigue est prenante, les personnages attachants, l’atmosphère enjouée et spirituelle, les propos vivants et subtils. Cela donne une comédie savoureuse.
Geneviève Bigueure
Au programme cette saison des LUNDIS de la LECTURE
d’ici fin 2025, toujours à 17 h 30, CENTRE CUZIN, nous lirons :
Lundi 22 septembre
Le Jeu de l’Amour et du Hasard de Marivaux
La comédie la plus attractive de notre grand dramaturge du Siècle des Lumières, fin connaisseur des subtilités du sentiment amoureux.
Lundi 13 octobre
La Correspondance de George Sand
Quelques-unes des vingt deux mille Lettres qui sont le chef d’œuvre de cette athlète de l’écriture, figure d’exception du XIX ème siècle.
Lundi 17 novembre
La Mer en commun
Un choix de poèmes et de textes pour apporter le concours de l’écriture à l’opération nationale « 2025 L’ Année de la Mer »
Lundi 15 décembre
C’était bien de Jean d’Ormesson
Faisant ses adieux reconnaissants à la vie, l’auteur nous confie un bilan allègre de ce qu’il a été et de ce qu’il a vécu .
Venez nombreux partager ce moment de culture et de plaisir littéraire !
Renseignements et réservations : 06 84 20 33 20
Tarif : 5 €
Source texte Geneviève Bigeure