Philippe Assalit
| |

Interview – Philippe Assalit, « imagicien » néo-pictorialiste

La Gazette Gersoise : Philippe Assalit, bonjour et merci de nous recevoir. Vous êtes photographe plasticien, scientifique de formation, et vous vous définissez comme « imagicien » ou « néo-pictorialiste ». Pouvez-vous nous expliquer ce que cela signifie pour vous ?

Philippe Assalit (PA) : Bonjour. « Imagicien », c’est une manière de dire que je manipule l’image comme une matière vivante. Je viens de la photographie, mais je la détourne, je la gratte, je la colore, je la monte, je la brûle parfois… Je m’inspire des pionniers du pictorialisme et j’ajoute mes propres expérimentations, qu’elles soient argentiques ou numériques. Mon travail se situe à la frontière de la peinture, de la sculpture, du dessin et de la photographie.

GG : Vos séries sont nombreuses et variées. Pouvez-vous nous en citer quelques-unes qui vous tiennent particulièrement à cœur ?

PA : Bien sûr. La série Temps de fleurs évoque la fragilité du temps qui passe, avec des bouquets qui naissent et se fanent dans une même image. Le Pays des brumes est né d’un feu de bois : les fumées et les éclats brûlés s’impriment sur le verre, créant des images mi-abstraites, mi-figuratives. Dans Le Secret de la terre, je cherche à capter la magie des lieux. Enfin, Oiseaux du paradis imagine un monde chatoyant, presque psychédélique, en perpétuel mouvement.

GG : Vous avez récemment exposé à la Cité de l’Économie (CITECO) à Paris avec votre série Monnaies Portraits du Monde. Pouvez-vous nous en parler ?

PA : Cette série est née de mes voyages. J’ai photographié des hommes et des femmes de plus de 40 pays, puis j’ai associé leurs visages à des billets de banque, actuels ou historiques. C’est une manière d’explorer l’identité individuelle et collective, de relier une personne à la culture et à l’histoire de son pays. L’exposition à CITECO a permis de montrer cette diversité et d’inviter le visiteur au voyage.

GG : Votre œuvre est présente dans de nombreuses collections, en Europe, au Royaume-Uni, en Australie, aux États-Unis… Vous exposez depuis 1990 dans des galeries, institutions et festivals. Quels moments forts retenez-vous ?

PA : Il y en a beaucoup. Le Centre Pompidou a présenté mes créations à plusieurs reprises depuis 1998, ce fut un jalon important. La Fondation Miró à Barcelone, l’Espace Electra à Paris, l’Abbaye de Montmajour à Arles, ou encore mes participations en Corée… Chaque exposition est une rencontre. Plus récemment, j’ai eu la chance d’être invité à Fotofever Art Fair et au Festival A-part en Provence.

GG : Vous venez de publier un livre avec le poète Dominique Sampiero, Lettre à la Chrysalide, présenté au Salon de la poésie 2025. Comment s’est faite cette collaboration ?

PA : Dominique Sampiero et moi partageons une sensibilité commune : l’attention au corps, au passage du temps, à la métamorphose. Lettre à la Chrysalide est un dialogue entre ses mots et mes images. La poésie et la photographie se répondent, se nourrissent. C’est une expérience très riche.

GG : Vous vivez aujourd’hui entre Paris et le Gers, et vous avez longtemps été installé à Toulouse. Votre atelier à Marciac participe aussi à la vie culturelle locale, notamment lors du festival Jazz in Marciac. Quelle importance accordez-vous à ce lien avec le territoire ?

PA : Il est essentiel. Marciac est une ville qui vit au rythme de la musique et de la création. J’ai réalisé les portraits des acteurs culturels de la ville pour les intégrer à la communication du festival. Je crois que l’art doit circuler, être partagé, et non rester enfermé dans des institutions.

GG: Enfin, après plus de 30 ans de carrière, qu’est-ce qui continue de vous pousser à créer ?

PA : La curiosité. La photographie est arrivée dans ma vie comme un orage, et elle ne m’a jamais quitté. Chaque série est une nouvelle aventure, une nouvelle manière de questionner le monde et de dialoguer avec lui. Tant que je garde cette joie et cette nécessité intérieure, je continuerai.

 LaGazette Gersoise remercie Philippe Assalit pour cet échange passionnant

Partagez l'article

Publications similaires